de Yoga 

de Yoga 

 

Jusque-là le monde n'existait pas et je ne me souciais de rien.

 

Et puis je suis né sans raison, il y a un peu plus de 50 ans.

Soudain, un corps m’a été concédé et le Monde est apparu.

Un simple point de conscience incarné dans une enveloppe de matière. 

Un point destiné à être un énième miroir de la Création, comme tous les autres points.

Un point simplement destiné à Etre.

 

Afin de me différencier des autres points, mes parents m’ont immédiatement donné un prénom et un nom. Ils ont commencé à me parler et à chacun de leur mot, une identité s’est construite. Je suis devenu Gilles puis Gil.

 

Les années ont passé. Par atavisme, je me suis fondu dans l’aventure humaine et je suis devenu ceci, puis cela, puis un autre ceci, puis un autre cela.

Je suis devenu beaucoup de choses.

Je suis devenu beaucoup trop de choses.

J’ai enfilé des dizaines de rôles et de costumes.

J’ai surtout cru être quelqu’un, un individu social, possédant sa propre existence indépendante. 

J’en ai oublié le point de conscience primordial et la souffrance en a profité pour prendre ses quartiers.

 

J’ai désiré fuir cette souffrance, elle m’a suivi à la trace.

Alors je suis parti à la recherche de ce qui me manquait, de cet élément essentiel sans lequel la réalité semblait si relative. Pendant plus de 25 ans, j'ai parcouru des sentiers supposés spirituels. A l’extérieur de moi puis à l’intérieur. Je l’ai cherché dans le christianisme, le tantrisme, dans mon cœur, dans mes cellules, seul et avec mes Maîtres spirituels. Je me suis abîmé dans la méditation afin de goûter un peu à ce parfum d’infinitude. J’ai parcouru les lieux les plus sacrés pour élever mon état vibratoire. J’ai pratiqué la géobiologie pour maintenir artificiellement un certain état de conscience. J’ai dispensé des soins énergétiques pour me faire croire que j’avais trouvé le Graal. J'ai écris des livres pour raconter cette histoire et peint des tableaux pour illustrer mon aventure.

 

Un jour, parce qu'il était l'heure, un voile s'est levé et la quête s’est arrêtée. Et le petit point s’est rappelé...

 

Aujourd’hui, je continue à écrire, à marcher, à manger, à travailler. A première vue, rien n'a changé. Sauf que plus personne ne se préoccupe d’atteindre quoi que ce soit.

 

Dans cette absence de but, demeure ce qui a toujours été.